Le Yoga sutra parle d'un "pouvoir" ("siddhi" en Sanskrit) qui apparaît avec la pratique du Yoga et qui se nomme "anima". C'est le pouvoir d'atteindre l'infiniment petit ("anu"), qui correspond plus ou moins au concept d'atome dans la philosophie indienne. La nature exacte de ce pouvoir dépend un peu des commentateurs : certains évoquent la faculté de se rendre infiniment petit ou d'autres d'être léger comme un atome, certains encore de se libérer de la contingence spatiale. Je préfère une autre idée proposée par les commentateurs et qui est celle d'affûter sa perception à la perfection, c'est à dire jusqu'aux plus petits éléments identifiables.
Le texte précise également que ce pouvoir n'est pas une fin en soi, qu'il ne nous est d'aucune utilité s'il n'est pas instrumentalisé pour notre pratique, c'est à dire, pour reprendre les mots de Gérard Blitz, de « s'établir fermement dans un espace confortable ».
Explorons cet espace en identifiant les plus petits éléments qui nous permettent d'avancer dans la bonne direction, les plus petites choses qui nous font du bien. Le Yoga nous dit finalement de nous intéresser aux choses les plus accessibles, les plus simples, les plus insignifiantes si on cherche la rentabilité, mais que toutes ces choses nous permettent d'explorer pas à pas un espace de bonheur.